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A la rencontre des Zanskarpas - Récit d'un voyage au Zanskar
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Jour 12 Séjour à Lingshed 18-08-2012

Après une bonne nuit, nous prenons le petit déjeuner à 7h30 et sommes fin prêts pour entendre les conques du monastère sonner l’appel à la « puja ». Lingshed étant un centre religieux important, nous ne pouvons pas faire l’économie d’assister à une puja (une ?).

La « puja » est la cérémonie religieuse bouddhiste de cette partie du monde (je ne sais pas si c’est la même chose ailleurs). C’est assez particulier par rapport à ce qu’on peut connaitre sous nos climats. Les moines sont assis en deux rangées, ou plus, se faisant face et psalmodient des prières sous la direction d’un « chef de chœur » (je l’appelle comme ça, parce que je n’ai pas d’autre mot). A intervalles réguliers, des moines moins confirmés ou apprentis, passent pour servir du thé avec des mottes de beurre et de la tsampa. A chaque passage les visiteurs, un peu en arrière, dont nous sommes, ont également droit au festin thé + beurre. Là, on atteint, à mes yeux d’occidental décadent, le comble de l’imbuvable ; j’ai encore dans le nez l’odeur douceâtre, écœurante de lait tiédasse. Rien qu’à humer le gobelet, mon cœur se lève et je sais que je ne pourrai jamais l’avaler sous peine de polluer gravement ce temple si bien entretenu. Ce qui me rassure, c’est que Pascale, non plus, n’arrive pas à le boire. Nous nous esquivons alors en douce et je jette dehors le contenu de mon gobelet sur de malheureuses plantes, qui pourtant, n’avaient fait de tort à personne.

Comme il nous reste du temps, nous en profitons pour remonter la rivière hors du village et nous laver entièrement, ce qui ne nous était plus arrivé depuis la fameuse fontaine de Photoksar. Nous faisons également une petite lessive qui sèchera vite sur une corde tendue entre notre tente et le mur.

12h30 : nous déjeunons et, à 13h nous repartons pour une nouvelle puja. Quand on aime on ne compte pas, mais cette fois, pour le thé, on est prévenus !  Cette puja de l’après-midi est costumée et bénéficie de la présence des nonnes qui sont montées de leur nonnerie en bas du village. Comme le matin, nous sommes installés un peu en arrière et comme le matin on nous offre le thé. Mais cette fois nous refusons fermement (« man julé », c’est très utile, voir la page sur les rudiments de langage). Certains  lamas portent un bandeau mauve autour du front, d’autres une sorte de bonnet surmonté de 3 cylindres de tailles différentes auquel ils rajoutent une sorte de couronne avec deux bandes qui s’accrochent au niveau des oreilles. Tout cela a l’air très codifié et s’exécute avec un bel ensemble. Toutefois, le recueillement des moines laisse sérieusement à désirer. Hormis ceux qui récitent les prières, les autres passent leur temps à rigoler avec les moines distributeurs de thé et le moinillon à côté de nous est plus intéressé par Clémentine que par la cérémonie ! Pour ma part, j’ai droit à mon petit coup de barre d’après déjeuner (pourtant frugal) et je me réveille juste à temps pour que le chef des moines dépose dans ma main, un genre de crotte de pigeon. Voyant tout le monde la manger avec délices, j’en fais autant et m’aperçoit qu’il s’agit d’un yaourt délicieux, ouf !

En sortant du monastère, nous nous dirigeons vers l’école que nous allons visiter. Comme l’instituteur parle bien anglais (c’est rare), nous pouvons discuter avec lui et apprenons que l’internat compte 99 élèves qui viennent des villages « voisins » ; en fait voisin est un bien grand mot, car certains villages sont distants de plusieurs heures, voire jours, de marche. Les enfants en récréation jouent à la chandelle et Pascale n’est pas dépaysée, elle pourrait animer la séance. A 16h, un gamin sonne le gong qui marque la fin des cours et tout le monde se rue dehors. Les enfants travaillent 6 jours sur 7 de 10 heures à 16 heures. Ils ont 15 jours de vacances l’été et 3 mois l’hiver quand les routes sont impraticables, sauf s’ils bénéficient d’un professeur d’hiver comme à Photoksar, dont le salaire est pris en charge par une association comme RBM.

Après la visite de l’école, nous n’avons pas le courage de descendre visiter la nonnerie, d’ailleurs on a vu les nonnes à la puja, et on remonte au camp. Là pour faire oublier le thé, on se précipite sur un coca en vente à la buvette. Le marchand a fait beaucoup d’affaires ce jour là !

Au diner, nous avons la visite du lama Gorgeis, que nous avons rencontré l’après-midi au monastère, qui est le correspondant local de RBM. Il est accompagné de l’amchi que nous avons vu la veille. Il reçoit les fonds de France et est chargé de l’équité de la répartition entre les différents projets. Il aide les villageois à finaliser leurs projets, établit les budgets, etc… Il nous raconte l’histoire du monastère de Lingshed qui a été fondé au 11ème siècle par un moine qui a aperçu une pierre scintillante dans la montagne. Cette pierre serait toujours enchâssée quelque part dans le monastère.

Au moment de manger la soupe à laquelle nous l’invitons, il fait une prière spéciale pour nous, d’une voix gravissime et nous quitte ensuite après la soupe.

Etant bien sanctifiés par nos activités du jour, nous n’aurons pas de mauvaises pensées au moment de nous endormir.

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